JM Plantefeve a écrit :Plutôt DSM ?
Oui c'est DSM V.
Je m'étais lancée dans une diatribe de plusieurs pages que j'ai effacée...
A la base le DSM I a été rédigé par des psychiatres américains pour se mettre d'accord sur le sens des mots qu'ils utilisent. C'est un outil à usage purement et strictement statistique. Quoique je puisse penser de la recherche du plus petit dénominateur commun qui a présidé à sa rédaction. Surtout quand on compare à l'extraordinaire foisonnement sémiologique en Europe à la charnière XIX et XXe.
Le véritable souci c'est que cet ouvrage a été dévoyé en manuel de psychiatrie, ce qu'il n'est absolument pas et comme il est fondé sur des symptômes plus que sur des maladies, les résultats sont assez ravageants.
Un symptôme = un médicament : ça fini par faire des listes surprenantes sans aucune réflexion globale.
La médecine, c'est un peu de la cuisine : si on touille un peu de tout, c'est généralement immangeable, voire toxique...
C'est un peu comme si a un patient qui a mal au dos ET des fourmis dans les orteils, on donnait un antalgique pour le dos et une pommade pour les fourmillements, sans chercher s'il y a un rapport entre les 2 et quelle est la cause de quoi.
La base de la médecine c'est d'interroger, de préférence sans orienter, ni suggérer, puis de faire un véritable examen clinique, d'en tirer des hypothèses et de faire le minimum d'examens ciblés pour étayer un diagnostic. Les examens ça n'est jamais sans risques. Puis de là proposer un traitement adapté à la cause et pas aux symptômes.
Tout ça prend du temps, c'est mal payé, d'où la tentation de faire une IRM, ou un "full body scan", une batterie d'analyses et éventuellement, de réfléchir après ; c'est un modèle économiquement beaucoup plus intéressant.
Si votre généraliste ne vous laisse pas le temps d'expliquer ce qui ne va pas et s'il ne vous examine pas presque à poil, s'il n'ose mettre un doigt dans des endroits particulièrement intimes changez-en vite !
Pour en revenir au DSM, vers le III, il y a eu de très graves dérives dues aux conflits d'intérêts : un ponte largement subventionné par un labo pharmaceutique dans ses recherches, aura beaucoup de mal à résister à "l'invention" d'un trouble qui puisse être traité par une molécule du dit labo pharmaceutique.
Les jeunes psychiatres que je croise sont nourris de ce truc-là
ad nauseam et ça augure assez mal de l'avenir. Tant qu'on ne sera pas foutu de comprendre comment fonctionne le moindre bout de cerveau, on en restera à une sorte d'artisanat d'art où le ressenti a une place considérable.
Les théories sur les neuro-récepteurs restent actuellement à l'état de théorie et se heurtent à la confrontation avec le réel, sauf dans la sauce pseudo scientifque des visiteurs médicaux.
Je suis tombé sur de sublimes images qui comparent les réseaux neuronaux aux amas d'étoiles, c'est stupéfiant de ressemblance, l'infiniment petit et l'infiniment grand !