Pourquoi on peut s'autoriser à préférer le vinyle au numérique
#38
RE: Pourquoi on peut s'autoriser à préférer le vinyle au numérique
Bonjour

Citation :Ne pas généraliser en parlant des seuls "ingénieurs du son" comme une communauté responsable solidairement.

Il y a quelques années, j'avais critiqué les ingénieurs du son dans un chapitre de mon site. C'était dans le contexte des émissions de télé.
J'ai reçu la réponse suivante :

Citation :Le nom de l'ingénieur du son, qui signe ce qui suis, ne figure pas à sa demande écrite. C'est compréhensible...

Bonjour, Je m'appelle ../.. et je suis ingénieur du son depuis 25 ans... Pardon, je suis un "bidouilleur du son" comme vous aimez visiblement nous définir. Je me suis longuement baladé sur votre site qui est très intéressant, très riche en informations et qui, même si elle n'est pas au goût du jour, offre une présentation claire et très accessible. Bravo pour ce travail.

Malheureusement, je suis tombé sur cette page : http://petoindominique.fr/php/musique_tele.php. Et là, je suis un petit peu déçu par les propos que vous tenez à l'égard des ingénieurs du son. Il me semble nécessaire de rétablir la vérité: Vous vous êtes trompé de cible. Le problème de la dynamique du son n'est pas du fait des ingénieurs du son, mais plutôt des diffuseurs qui n'ont qu'une chose en tête: avoir le plus de volume sonore possible.

Pour cela, ils utilisent des traitement sonores très complexes avant d'attaquer la tête de diffusion. La composition de ses traitements est un secret gardé jalousement. Ces traitements sont essentiellement dynamiques (Compression multi bandes, leveler avec une intégration du volume dans le temps, générateur d'harmoniques pour "rafraîchir" le haut médium et les aigus).

En tant qu'ingénieur du son du 21ème siècle, notre travail consiste dans une première phase à essayer de sauver les meubles en nettoyant, en réparant ou en 'bidouillant' la prise de son du tournage. Si tant est que l'on puisse appeler cela une prise de son étant donné qu'en dehors des émissions en plateau, il n'y a plus que très peu de production qui travaillent avec un preneur de son. Je tiens d'ailleurs à rappeler que dans ce type de tournage, tout les niveaux audio sont laissés au bon plaisir des automatismes de la caméra et que toutes les prises de son sont généralement effectuées sans filtre coupe bas inséré avant le CAG de la dite caméra. Cela donne une idée du niveau des aigus au moindre souffle de vent ou du pompage inévitable dès qu'une voiture passe dans la rue ou que quelque chose tombe par terre...

Une fois ce travail effectué du mieux que l'on peut, on passe au vrai travail de mixage. Celui que l'on aime faire. Malheureusement les 3/4 du temps avec une matière première de piètre qualité. On a tout bonnement oublié que la qualité d'un son se construit à 90 % lors de la prise de son. Les 10% qui nous restent en studio, sont un peu de nettoyage pour intégrer ce son particulier dans un ensemble d'autre sons de manière homogène. Une fois que ce mixage est fait, il nous faut alors nous assurer que nous respectons bien les normes PAD ( Prêt A Diffuser ) demandés par le diffuseur et en général correspondant au normes établis par l'EBU. Normes qui définissent les niveaux de références ainsi que la plage dynamique sur l'intégralité du programme. En général, on demande un niveau 0 dBvu à 1Khz correspondant a -18 dBfs et un niveau crête maximal de -9 dBfs. Selon les diffuseurs et la nature du programme, certains dépassements de crête sont autorisés de manière très exceptionnelle et très courte jusqu'à -4 dBfs. On nous demande aussi de tenir la dynamique des dialogues et de la voix-off dans une plage de 20 dB. L'expérience montre que 10 dB c'est encore mieux. Si vous ne respectez pas ces limites, et bien on vous renvoie à votre console avec un relevé timecodé des erreurs, édité par un laboratoire de duplication qui valide, ou pas, votre mix pour le compte du diffuseur.

Ensuite, vous n'êtes plus maître de rien concernant le devenir de votre mix. Et très honnêtement,il m'est arrivé d'avoir honte d'un mixage diffusé sur une grande chaîne nationale. Mixage qui n'avait plus rien à voir avec ce qui était sorti du studio. Complètement tassé vers le haut. Un haut médium proéminent et agressif et un mixage qui avait perdu tout ces effets d'attaque et de mordant. Et je ne parlerai pas du contenu la zone du spectre situé en dessous de 250 Hz.

Tous les ingénieurs du son que je connais ou que je croise régulièrement dans ce milieu sont des gens qui ont la passion du son chevillée aux tripes. Et on ne peut pas durer dans ce métier sans cela. Vous vous êtes tout bonnement trompé de cible. Oui, nous sommes des 'bidouilleurs du son' et fier de l'être. Si vous avez un jour l'occasion d'assister à une séance de bruitage en studio, allez-y toutes affaires cessantes et alors vous comprendrez l'essence de ce métier, et pourquoi nous en sommes fiers.

Cordialement,

Depuis je critique les producteurs, ceux qui font faire le boulot aux ingénieurs du son avec un cahier des charges qui n'est pas celui que nous souhaitons.

Cordialement, Dominique
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RE: Pourquoi on peut s'autoriser à préférer le vinyle au numérique - par tonipe - 27/07/2020-08:52:21

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