Pourquoi on peut s'autoriser à préférer le vinyle au numérique
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RE: Pourquoi on peut s'autoriser à préférer le vinyle au numérique
rliyung a écrit :Bonsoir,

Personnellement, jusqu'il y a peu, je ne connaissais pas suffisamment le cheminement emprunté par la musique depuis la captation initiale jusqu'au support final pour encore entretenir quelques idées fausses. Aujourd'hui que je suis un peu moins ignorant, je vous invite à suivre la description des étapes de fabrication ci-après. On parle d'enregistrement principalement acoustique.

1. La captation
Les enjeux sont le positionnement des artistes dans l'espace puis la disposition des micros.
Dans notre cours, on va disposer un couple principal qui va capter la globalité du message ainsi que l'ambiance générale et des micros d'appoint pour capter les instruments au plus près avec le maximum de détail. A la console on va se contenter d'enregistrer au naturel, sans appliquer aucun effet.

2. Le mixage
La captation a donné un ensemble de pistes enregistrées séparément, il s'agit d'utiliser ces pistes en les intégrant (ou pas) et à doses contrôlées (niveau relatif entre les pistes, application des effets comme la réverb, le panoramique pour le placement dans l'espace et bien d'autres). Dans le même temps, on procède au montage qui consiste à copier-coller des bouts de prises différentes pour assembler les meilleurs passages. On réalise les fondus entre les morceaux.
Idéalement ce travail est effectué avec la participation des artistes.

A ce stade, on obtient le master studio, dans lequel les artistes se retrouvent, reflet du savoir-faire de l'équipe technique.

On serait dans un monde idéal qu'on graverait les disques à partir de ce master studio.

Malheureusement, on a des visées commerciales, le disque doit se vendre.
On aborde une autre étape de mastering, destiné à adapter le master studio au(x) public(s) visé(s).
3. Le master numérique.
Pour passer sur les médias à faible capacité dynamique, la dynamique de la musique va être écrasée, un peu ... un peu plus ... beaucoup plus ...
Si on vise les écoutes via des médias anémiques (youtube, smartphone, enceintes de PC), on écrasera beaucoup la dynamique. Le CD pressé à partir de ce même master numérique donnera un son pourri pour l'audiophile.

4. Le master vinyle
Supposons qu'on veut aussi presser des vinyles.
La gravure de vinyle nécessite un traitement particulier, pour tenir compte des contraintes mécaniques que n'a pas le numérique. Il nécessite un mastering spécifique.
Si on est un peu malin, on ne part pas du master numérique puisque qu'on n'a pas besoin d'en intégrer les contraintes.
On va donc partir du master studio, pour intégrer les seules contraintes du vinyle, avec toutes les chances de mieux préserver la dynamique que dans la filière numérique.

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Pour revenir au master numérique, on pourrait sortir un master CD/HR pour l'audiophile, un master plus pauvre pour le public moins exigeant. Si vous avez les noms des labels qui procèdent ainsi, il faut nous donner les noms.
Par contre, dans le domaine de la pub, on prend soin de sortir des masters différents pour la radio, la télé, le cinéma. Eh oui, là c'est le commerce qui commande.

Avant de brandir ses idées reçues, l'audiophile devrait se demander s'il se branle bien le bon neurone.

a+mitiés raoul

Salut chef,
C'est exactement pour ces raisons que du temps du 33t, j'avais des "petits fournisseurs" passionnés dont les disques étaient à de rares exceptions près très bien enregistrés et mastérisés proprement, parfois c'était le pressage qui n'était pas terrible... Ce sont des boutiques qui ont failli fermer à l'avènement du CD. Du style Astrée, Accent, Occora... Et puis il y avait l'oiseau lyre, Erato..
Tout ça a été touillé dans d'énormes boites :
Pleins de petits éditeurs passionnés à la Charlin, dont les maisons ont été englouties dans les fonds de tiroirs de multinationales dont le but c'est de noyer la planète d'eau tiède à travers leurs propres tuyaux pour mettre de la pub autour.
Ce qu'ils proposent est à la musique ce que le KFC est à la bouffe.
Tu streames, c'est pas bon, tu vomis et t'essayes autre chose qui est aussi mauvais.

Je suis en train de m'intéresser à Folkways et au catalogue du Smithonian, pour les mêmes raisons : enregistrements honnêtes, mastering limité, résultats parfois "brut de coffrage"...
J'ai jeté un œil sur BandCamp, mais pas suffisamment pour y trouver des choses qui m'intéresse.

De mon point de vue, l'idéal serait que se montent des projets participatifs :
tu payes ta part et tu reçois la musique (sous la forme qui convient).

Ben toi, par exemple, quand tu auras ton nième diplôme, ça te tenterait pas de te lancer là-dedans ?
Melodia Gersovia : pas mal non !

Très franchement, en regroupant quelques personnes du forum et d'autres, ça ne me semble pas si déconnant comme idée.
Y a plein de musiciens qui crèvent la dalle, surtout avec le Covid, et de l'autre côté, pas mal de consommateurs de musiques qui ne sont pas content de la qualité qu'on leur fourgue :
il y a un (petit) marché intéressant.

Comme épargner pour ses vieux jours c'est encore plus hasardeux que le tiercé, autant dépenser tout de suite !!!

Faut en parler avec PP et Gillesni plus JMW, à tous les 4, vous nous faites un catalogue d'enfer !

Hop au boulot !
Il n'est pire sourd que moi
Yves
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RE: Pourquoi on peut s'autoriser à préférer le vinyle au numérique - par YvesA - 26/07/2020-21:57:08

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