Bonjour Chevalier du Ciel,
Dominique-Tanguy a écrit :Ton point de vue est très intėressant, comme souvent. Ce n'est pas la première fois que tu mentionnes que le pied de l'impulsion n'est pas forcemment la réfėrence pour ėtablir la position du plan d'émission du haut-parleur.
Quand j'ai commencé à vouloir déterminer précisément le problème de la position du plan d'émission des haut-parleurs, je me suis confronté à la question suivante : est-ce le pied ou le pic qu'il faut prendre en considération ? On trouve beaucoup d'affirmations pour l'un ou l'autre mais pas d'arguments pour les soutenir.
En y réfléchissant, je me suis dit que le bon sens tendrait à choisir le pied. Mais cela soulève un problème de seuil qui m'était déjà familier, similaire à celui-ci :
La notice des tout premiers préamplis et amplis commeriaux de Nelson Pass portait la mention d'un
loop propagation time at the bases of the input differential transistors. C'est le genre de mesure que l'on réalise avec un oscilloscope et des signaux à front raide. Ce que l'on constate en grossissant l'image, c'est que le signal émerge du bruit en pente douce. Assurément, le signal existe déjà avant cette émergence, noyé dans le bruit, Il y a donc nécessairement une grande imprécision sur le temps de propagation indiqué par Pass.
Le même phénomène et donc le même problème se produisent avec les images d'impulsions délivrées par des haut-parleurs : à quel endroit exact fixer le début du pied sur le diagramme d'une réponse impulsionnelle ?
J'ai longtemps patouillé avec un scope et signaux sinus, carrés avec, entre autres, un petit tweeter Audax de membrane de 10 mm de diamètre, sans que je puisse me convaincre de quoi que ce soit.
C'est alors qu'à point nommé, le représentant du matériel Clio aux Etats-Unis, Langston Holland, a mis sur son site une courte vidéo montrant comment exploiter les courbes de phase minimale pour trouver le "
Time Of Fly" (qui se traduit par "vol dans les airs", autrement dit, le temps de propagation du son de la membrane du haut-parleur à la pastille du microphone).
La méthode exposée par Holland est d'une logique incontestable.
Les programmes de mesure établissent :
- une réponse en impulsion d'où est extraite une valeur de "delay" (retard) exprimant le temps entre l'application du signal à l'électronique chargée par le haut-parleur et le pic du signal sonore correspondant arrivant au micro.
- une réponse en fréquence et une réponse en phase.
La réponse en phase a un aspect en dents de scie très irrégulière, elle est dépendante du temps de propagation de l'électronique (il est conséquent s'il y a un traitement numérique dans la chaîne) et celui du trajet du son dans l'air. Si on arrive à soustraire totalement ce temps de propagation dans les calculs de phase internes du programme, on obtient la "vraie" courbe de phase du haut-parleur processeur.
Le principal problème est donc d'établir avec précision ce temps de propagation. Je n'en connais pas l'auteur mais la méthode qui prévaut chez les grands scientifiques de l'audio (voir en fin de post) utilise le
calcul de la courbe de phase minimale tirée de la réponse en fréquence. Je mets en gras pour mettre en exergue le fait que la courbe de phase minimale n'est pas une mesure mais provient d'une opération mathématique où il est supposé que la moindre pente est liée à une évolution calculable de phase.
On peut modifier la valeur du
delay ci-dessus avec pour effet de modifier la courbe de phase réelle. Si on va dans le bon sens, le nombre de dents de scie diminue et l'on finit par obtenir que les deux courbes, réelle et minimale, se chevauchent presque parfaitement (c'est un peu moins avec les tweeters).
La valeur du
delay indique alors le temps de propagation de l'entrée du système au micro.
NB Si la latence du système jusqu'à la sortie de l'amplificateur n'est pas négligeable, sa mesure devra avoir été effectuée au préalable pour le soustraire de la valeur du
delay
A titre d'exemple, mon processeur numérique est inclus dans le système de mesure, sa latence est de 917
1 µs, j'applique un retard 83 µs à toutes les voies pour obtenir un chiffre rond de 1 ms pour la latence et faciliter les calculs.
La latence étant ainsi éliminée, la conversion du "delay" en mètres donne la distance entre le plan d'émission du haut-parleur et le plan de réception de la capsule du micro.
En soustrayant de la conversion la distance mesurée avec une règle entre la face avant et le plan de réception du micro, on obtient la position du plan d'émission du haut-parleur par rapport au plan de sa platine de fixation. Comme je l'ai dit, ce serait bien agréable que les fabricants fournissent cette donnée. Je n'en connais qu'un seul qui le fait :
https://www.hiquphon.dk/page13.html
Si on ne sait pas avec quel haut-parleur sera associé un modèle que l'on mesure, le micro doit être dans son axe.
Si on le sait, on peut disposer le micro dans l'entraxe de celui de la voie haute et de celui de la voix basse et mesurer les deux haut-parleurs chacun à leur tout ou conserver les données obtenues dans l'axe avec chaque haut-parleur.
Au final, les alignements ne diffèrent guère, mais à vérifier, c'est un bon exercie.
Certains pensent que, pour un enceinte déjà construite, l'axe du micro doit être celui du tweeter. Je ne trouve pas çà très logique car on considère alors plus des centres émissifs que des plans émissifs. Le validité de la méthode par phase minimale demeure, mais les mesures obtenues sont sujettes à caution si l'on s'éloigne de l'axe du tweeter.
Une fois connue la position des plans d'émission, on procède à l'alignement des haut-parleurs. Si on dispose d'un processeur numérique, il est intéressant et facile de procéder à toutes sortes d'essais de configuration de filtres. Il me semble préférable de se servir au débit d'une petite enceinte, aisément déplaçable avec un 17 cm ou un 13 cm associé à un tweeter à dôme descendant bas comme "outil" pour s'entraîner et essayer de maîtriser tout ça plutôt que de s'attaquer d'emblée à un gros système.
Citation :Cela va contre les opinions communément répandues. As tu des éléments qui nous permettrait de mieux comprendre ? Ton observation est elle principalement applicable au haut-parleur de grave, pour lequel la précision de la mesure d'impulsion est moins bonne que pour l'aigu ?
A ma connaissance, elle fonctionne avec tous les haut-parleurs.
Les opinions communément répandues ne s'accompagnent guère d'arguments pouvant les justifier. J'appuie mes dires sur ces "piliers" : Heyser, Fincham, Lipschitz sur qui on peut se documenter ici :
http://www.aes.org/journal/search.cfm
et Hughes
http://www.excelsior-audio.com/Publicati..._Delay.pdf
Je trouve étonnant que ni d'Appolito ni Dickason n'aient pas abordé le sujet comme il le mérite.
Cdt.